Retour en arrière, début des années 60: la musique rock et pop connait un développement sans précédent, elle vient d'Angleterre et d'Amérique, les bacs des disquaires sont envahis de 45 tours de groupes multiples, souvent en import. Et pour entendre cette musique ? Pas grand chose en France qui produit rapidement ses propres chanteurs, on parle de la vague yéyé en référence à cette onomatopée remplissant l'essentiel des chansons, toutes adaptées de tubes en anglais. L'émission d'Europe n°1, salut les copains, est le support privilégié, et quasiment unique, de la promotion des yéyés.
Et pour écouter les versions originales ? Une station se détache rapidement, c'est Radio-Luxembourg, qui émet en anglais, le soir, à partir de 20h, en ondes moyennes, sur 208 m, bien reçu sur Paris, en soirée, ainsi d'ailleurs que dans toute l'Europe. C'est de la réception AM, quasiment du dx, la qualité n'est pas toujours idéale mais, à l'époque, de toute façon, nous n'écoutons que des radios en AM.
En 1964, débute la grande aventure des radios pirates anglaises, c'est Radio-Caroline qui ouvre le bal en émettant depuis un bateau ancrée dans les eaux internationales. Caroline est le prénom de la fille de Kennedy ! Son succès est foudroyant, la qualité de la programmation et le ton des animateurs sont reconnaissables instantanément. Sans oublier les fameux jingles ! Evidemment, le coté commercial est bien présent, la pub afflue. Pas facile à écouter sur Paris, l'émetteur est de puissance réduite et sa fréquence change plusieurs fois.
Un tel succès fait vite des envieux et ces radios hébergées sur des bateaux (d'où le terme d'offshore) vont se multiplier, au grand dam du gouvernement britannique qui ne va pas tarder à réagir.
Citons une des plus célèbre, Radio London (big L) qui démarre ces programmes fin 64 avec un gros émetteur de 50 Kw. Egalement Radio Veronica, sans doute la plus ancienne. Il y en eu d'autres, plus confidentielles.
Le rêve ne durera pas longtemps. C'est le 14 aout 1967 qu'est promulguée une loi, par le gouvernement britannique, qui va sonner le glas de toutes ces radios pirates. On "fètera" donc cette année les 40 ans du "jour où la musique est morte" ( the day the music died’). Seule Radio-Caroline continuera d'émettre, passant outre, jusqu'au 2 mars 1968 où son bateau est remorqué de force jusqu'au Pays-Bas.
Mais en 68, la grand époque se termine, la qualité et la quantité ne sont déjà plus au rendez-vous et on a d'autres pensées en tête, de plus, l'adolescence est passée, à 20 ans, on ne joue plus comme à 16 ! Il faut passer aux choses sérieuses, le temps des études est arrivé. Par ailleurs, les radios françaises offrent maintenant un choix certain permettant d'écouter de bonnes émissions présentées par Patrice Blanc-Franquart ou José Artur, et, de plus, en FM.
Il n'en reste pas moins que l'épopée de ces radios a marqué l'époque de manière indélébile.
Comments (0)