Après une année palpitante, 1968 débute plutôt dans la morosité. La rentrée universitaire s'est faite dans un joyeux désordre, des amphis bondés, il faut s'organiser, pas évident ! Après l'encadrement quasi militaire du lycée, on se sent abandonné à soi-même. Pourtant, rien ne laisse vraiment présager ce qui va se passer malgré quelques mouvements d'humeur.

On fête même en février les 3 médailles d'or de Jean-Claude Killy au jeux d'hiver de Grenoble.
La naissance du mouvement du 22 mars à Nanterre, avec à sa tête, un certain Daniel Cohn-Bendit nous échappe totalement mais pas l'assassinat, début avril, de Martin Luther King ni la première diffusion des Shadoks, à la télé.

Pour moi, tout commence le lundi 6 mai à 12h. Je sors de la fac au quartier latin au milieu de l'émeute, ça court dans tous les sens, sur le boulevard st Germain, l'odeur des gaz lacrymogènes est déjà intense. Ce que j'ignore encore, c'est que la fac ne rouvrira pas, ce sont les derniers cours de l'année. On sait que le déclenchement a eu lieu 3 jours plus tôt avec l'évacuation musclée de la Sorbonne et l'arrestation de centaines d'étudiants. Pendant une semaine se succèderont manifs et défilés, dont la fameuse nuit du 10 mai qui débouche sur une nouvelle manifestation, le lundi 13 mai. Un monde fou, il fait très chaud et l'on voit apparaitre les syndicats. Du terrain étudiant, la contestation s'étend au monde du travail avec des grèves qui vont rapidement se généraliser. L'essence est rare, les transports publics tous arrêtés. Nous passons nos jours et nos nuits dans les facs occupées, on refait le monde à chaque heure, l'imagination est en effet au pouvoir. Moments difficiles à imaginer si on ne les a pas vécus.

Au grand dam de nos parents qui ne comprennent pas vraiment ce qui se passe. Ils auront l'occasion d'exprimer leur opinion rapidement ! Après les accords de Grenelle du 27 mai, De Gaulle dissout l'assemblée le 30 mai, le lendemain, c'est le week-end de Pentecôte, l'essence revient comme par miracle. Aux élections du 30 juin, la droite fait un carton. Les événements de Mai 68 sont terminés !
Les vacances sont là, on n'a passé aucun examen ! Les facs sont évacuées les unes après les autres...Ce qui s'est passé ce mois-là aura des prolongements pendant de longues années, il me semble d'ailleurs qu'on en a encore beaucoup parlé cette année, lors de l'élection présidentielle...

A l'étranger, on assiste en août à l'envahissement de la Tchécoslovaquie par les chars russes, venus écraser le printemps de Prague et l'on se change les idées en allant voir "2001, l'odyssée de l'espace" film qui sort en septembre.

En décembre, des astronautes, ceux d'Apollo 8, survolent la lune, on sent que l'alunissage est proche.

Et les examens ? Et bien, on les passe en septembre et octobre, avec une rentrée prévue en janvier 69 dans une université remodelée par la nouvelle loi du ministre de l'éducation, Edgar Faure.
Et puis, j'ai 20 ans, la vie est belle...

La musique dans tout ça ? Elle passe nettement au second plan, d'autant que la production est nettement en baisse, tant au niveau qualité que quantité.

Les titres de l'année:

Hey Jude, The Beatles
Sittin' On) The Dock Of The Bay, Otis Redding
Mrs. Robinson, Simon and Garfunkel
Dance To The Music, Sly and The Family Stone
Judy In Disguise (With Glasses), John Fred and His Playboy Band
Spooky, Classics IV
Born To Be Wild, Steppenwolf
Fire , Crazy World Of Arthur Brown
Jumpin' Jack Flash, The Rolling Stones
MacArthur Park, Richard Harris
Time Has Come Today, The Chambers Brothers

Le tube du début d'année, c'est le " night in white satin" des Moody Blues, sorti, en réalité, à la fin 67.

 

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